Lors d’une récente entrevue avec le journaliste José Adandé de l’agence de communication digitale Canal innovation Bénin plus, Lucrèce Avahouin, Présidente de l’association Biowa et fervente militante dans la lutte contre la violation des droits des femmes handicapées au Bénin, a mis en lumière les défis profonds, les obstacles persistants, et a proposé des stratégies infaillibles pour remédier à la situation.
Au cours de cette entrevue d’environ trente minutes, Lucrèce Avahouin a examiné en détail les difficultés auxquelles font face les femmes et filles handicapées, les obstacles qui entravent leurs parcours, et a suggéré des approches de solutions qui, si elles étaient mises en œuvre par les autorités compétentes, pourraient apporter des changements significatifs.
Le contexte de l’interview
Selon une étude de l’ONU Femme datant de 2017, représentant environ un cinquième de la population féminine mondiale, les femmes handicapées demeurent souvent invisibles, exposées aux violations de leurs droits en raison de leur genre et de leur handicap. Cette invisibilité, reflétée dans les statistiques, les place dans une position défavorisée par rapport aux femmes non handicapées et aux hommes handicapés. C’est dans le but de remédier à cette situation que Lucrèce Avahouin, engagée et déterminée, se consacre à informer les victimes de leurs droits et à les aider à les revendiquer.
A propos de l’intervention de Lucrèce Avahouin
L’interview a souligné non seulement le risque accru de violences et d’abus sexuels auxquels les femmes handicapées sont exposées, mais également le fait qu’elles ne sont souvent pas prises au sérieux en raison de leur handicap. Lucrèce Avahouin a souligné les multiples difficultés auxquelles font face les femmes handicapées, affirmant que celles-ci ont le droit de prendre des décisions concernant leur corps et de vivre à l’abri de la violence et de la peur. Elle a souligné que, malgré cela, ces femmes sont les moins susceptibles de jouir de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive à l’échelle mondiale, en raison de normes sociales discriminatoires.
Son objectif actuel est d’attirer l’attention sur les problèmes sous-jacents et les difficultés rencontrées par les femmes handicapées, en proposant des exemples de bonnes pratiques dans ce domaine, tout en exhortant les parties prenantes à agir pour faire progresser la reconnaissance et la réalisation de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive. En raison de la stigmatisation, du manque d’autonomie et des normes sociales négatives liées à leur santé et à leurs droits sexuels et reproductifs, les femmes handicapées risquent souvent d’être discriminées, ignorées et de devenir invisibles dans la société.
Les obstacles à la lutte contre les VFFF handicapées selon Lucrèce Avahouin
Les obstacles discriminatoires liés au genre, à la jeunesse ou au handicap peuvent être considérables lorsqu’ils sont abordés individuellement, mais leur réunion accentue les effets négatifs de l’exclusion, pouvant même les aggraver de manière exponentielle. Il est donc impératif d’adopter une approche intersectionnelle pour une compréhension approfondie du problème et le développement de solutions efficaces. Poursuivant ses réflexions, la présidente de l’association Biowa souligne : « Dans de nombreuses sociétés, les tabous et les normes entourant la menstruation et l’hygiène menstruelle impactent l’autonomie de toutes les femmes et filles, affectant de manière particulièrement dévastatrice la santé et les droits sexuels et reproductifs des filles et jeunes femmes handicapées. L’absence d’installations sanitaires adéquates dans les écoles, notamment des toilettes séparées, accessibles et protégées, combinée au manque d’éducation, de ressources et de soutien pour l’hygiène menstruelle, compromet leur capacité à gérer leur hygiène correctement et les rend particulièrement vulnérables aux maladies. »
Les solutions à envisager !
En termes de solutions infaillibles, elle souligne que l’intégration de la prise en compte de la santé, des droits sexuels et reproductifs, ainsi que du handicap, dans les initiatives et programmes existants constitue une stratégie efficace. Elle ajoute que la proposition de services spécifiquement dédiés aux filles et jeunes femmes handicapées peut fournir des ressources essentielles là où les besoins sont les plus grands. « Les États doivent jouer un rôle moteur pour garantir le respect, la protection et la réalisation de leurs droits. Cependant, la réussite de ces efforts dépendra d’une collaboration avec d’autres parties prenantes des secteurs de la santé, des droits sexuels et reproductifs, des droits des filles et des femmes, et du handicap, ainsi qu’avec les filles et les jeunes femmes handicapées elles-mêmes. J’appelle donc les autorités étatiques, les décisionnaires, les acteurs de la société civile et les prestataires de services de santé et droits sexuels et reproductifs à mettre en œuvre les recommandations suivantes pour lutter contre l’exclusion systématique des filles et jeunes femmes handicapées et assurer la pleine réalisation de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive, » conclut-elle.
Par Pancrasse Gandaho