Figure controversée pour ses prises de position anti-occidentales, le militant panafricaniste Kémi Séba a été interpellé à Paris le lundi. Les motifs non encore élucidés, l’homme se trouve entre les mains des autorités françaises.
Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, 42 ans, a perdu la nationalité française par décret publié au Journal officiel en juillet. La décision faisait suite à une procédure entamée plus tôt dans l’année, que le militant avait contestée. En mars, la préfecture de l’Essonne avait tenté d’interdire l’une de ses conférences, avant que la justice ne suspende la décision. À la suite de cet incident, Kémi Séba avait diffusé une vidéo dans laquelle il brûlait ce qu’il présentait comme son passeport français. Depuis août, il dispose d’un passeport diplomatique nigérien, obtenu en tant que conseiller spécial du général Abdourahamane Tiani, chef de la junte militaire au pouvoir au Niger. Cette nomination lui a été accordée après le coup d’État de juillet 2024, renforçant ainsi son influence en Afrique de l’Ouest. Ancien leader du groupe dissous Tribu Ka, Kémi Séba s’est fait connaître par ses positions radicales et son militantisme anticolonialiste. Son organisation, Urgences Panafricanistes, prône une rupture totale avec les influences occidentales en Afrique, notamment le franc CFA, symbole selon lui de la persistance d’une tutelle économique et politique française. Ses actions ont régulièrement provoqué des tensions et des expulsions, que ce soit au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou en Guinée. En France, ses activités lui ont valu d’être accusé par certains responsables politiques de relayer la propagande russe et de servir des intérêts étrangers. L’année dernière, le député Thomas Gassilloud, alors président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, l’avait ouvertement qualifié de relais d’une « puissance étrangère alimentant le sentiment antifrançais. Pour son avocat, Kèmi Séba risque la prison à perpétuité pour avoir tenu tête à la France. À suivre dans nos prochains numéros.
Par José ADANDÉ