L’ONG Espoir de la Famille et l’Association des Églises Évangéliques du Bénin (AEEB), en partenariat avec Faith to Action Network, ont tenu un atelier inédit à Porto-Novo. Cet événement, centré sur la justice de genre, visait à former les leaders religieux à la prévention des violences basées sur le genre au sein des communautés de foi. Une initiative forte, à la croisée de la spiritualité et des droits humains.
Ce 19 juin 2025, l’hôtel KC+ de Porto-Novo a accueilli un événement peu commun mais d’une importance capitale : un atelier de renforcement des capacités à l’attention des leaders religieux, organisé dans le cadre du projet « Ma Foi, Justice, Genre ». Cette initiative, portée par l’ONG Espoir de la Famille, l’Association des Églises Évangéliques du Bénin (AEEB) et le réseau Faith to Action Network, s’inscrit dans une volonté de mobiliser les acteurs de foi dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), à travers une approche inclusive et respectueuse des croyances.
Durant deux journées, vingt-cinq responsables religieux venus de différentes confessions, notamment chrétienne, musulmane et traditionnelle, partagerons un espace de formation, de réflexion et d’engagement. Dans une ambiance bienveillante et constructive, ce jeudi, jour de lancement, ils ont été invités à revisiter leurs perceptions du genre, à questionner certaines pratiques ou discours religieux discriminatoires, et à réfléchir à des approches nouvelles, fondées sur le respect de la dignité humaine et l’égalité entre les sexes.
Foi, justice et changement des mentalités
L’atelier vise d’abord à approfondir la compréhension des participants sur les notions clés telles que le genre, la justice de genre et les formes multiples de violences qui peuvent être perpétrées dans les communautés. Il ne s’agit pas simplement d’un apport théorique, mais d’un véritable travail d’introspection et de remise en question. Les leaders religieux ont pu identifier les causes profondes des violences, qu’elles soient sociales, culturelles ou liées à certaines interprétations religieuses. Ils ont également été amenés à réfléchir aux manières de transformer leurs discours, leurs enseignements et leurs pratiques, afin de construire des environnements plus sûrs, justes et accueillants pour tous.
Pour Ayoko BAHUN WILSON, Responsable Programme Afrique de l’Ouest de Faith to Actions, soutenir l’organisation d’une telle activité permet de mettre en lumière l’influence décisive que peuvent avoir les figures spirituelles dans la transformation des mentalités. Ceci pour un monde plus juste et équitable.
Dans la même dynamique, Kafui da SILVEIRA, Acteur de foi pour la justice du genre, n’a pas manqué de préciser qu’en tant que guides, formateurs et prescripteurs de normes, les leaders religieux doivent jouer un rôle central dans la manière dont les communautés comprennent les rapports hommes-femmes. Pour Espoir de la Famille et l’Association des Églises Évangéliques du Bénin (AEEB), outiller les leaders religieux est important pour mieux créer les conditions d’un changement social durable.
Des engagements pour des communautés de foi plus sûres
L’un des temps forts de l’atelier a été l’appropriation par les participants de la responsabilité qui leur incombe dans la prévention et la dénonciation des violences. Il est ressorti de ces échanges une réelle volonté d’agir autrement. Plusieurs leaders ont reconnu que certaines pratiques, longtemps tolérées ou justifiées par la tradition ou la religion, méritent aujourd’hui d’être repensées à la lumière des principes d’égalité, de justice et de protection des plus vulnérables.
De nombreux engagements ont été pris à l’issue de l’atelier. Des leaders ont exprimé leur désir de revoir le contenu de leurs messages, d’intégrer des thématiques liées aux droits des femmes et des filles dans leurs enseignements, et de travailler de manière concertée avec d’autres confessions pour une action plus coordonnée. La dynamique interconfessionnelle née de cette rencontre est d’ailleurs l’un des éléments les plus prometteurs du projet. Elle montre que, malgré les différences théologiques ou culturelles, il est possible de se rassembler autour de valeurs communes telles que la dignité humaine, la paix et la justice.
Un projet à long terme pour des résultats concrets
Cet atelier n’est qu’un début. Le projet « Ma Foi, Justice, Genre » s’inscrit dans une démarche à long terme. Des suivis sont prévus dans les mois qui viennent pour évaluer les changements au sein des institutions participantes. Il s’agira de mesurer dans quelle mesure les enseignements reçus ont été mis en pratique et si les communautés ont ressenti un impact réel dans leurs rapports sociaux. Des témoignages seront également recueillis pour illustrer les transformations opérées sur le terrain.
Cette approche de suivi permettra de valoriser les efforts fournis par les leaders religieux et d’inspirer d’autres acteurs à s’engager dans une dynamique similaire. Elle renforcera également le plaidoyer en faveur d’une prise en compte plus systématique des questions de genre dans les sphères religieuses.
Un message d’espoir et de responsabilité
Avec cet atelier, c’est un message fort qui a été lancé : la foi n’est pas incompatible avec la justice sociale, bien au contraire. Elle peut et doit être un moteur de transformation, un levier pour protéger les plus vulnérables, et un outil puissant pour construire des sociétés où chaque être humain est respecté et valorisé, quelle que soit son identité de genre.
En conjuguant spiritualité, engagement communautaire et défense des droits humains, les organisateurs de cette activité ont démontré qu’il est possible d’agir de manière concrète et efficace contre les violences basées sur le genre. Et que ce combat, lorsqu’il est porté par des voix respectées comme celles des leaders religieux, a toutes les chances d’aboutir à des résultats durables.